Coup de foudre ? Bollywood
de Gurinder Chadha
Autant ?tre clair : ce film n’est pas c?r?bral. C’est un cocktail ? bulles multicolores, pour l’hiver, les f?tes, et les jours o? l’on n’a pas envie d’?tre sp?cialement intelligent. Avec Coup de foudre ? Bollywood, en plus, on a l’alibi de la distanciation, de l’humour et du folklore au troisi?me degr?, ce qui permet de sauver l’honneur. L’argument est inspir? de Jane Austen (Orgueil et pr?jug? actualis?), mais avec une gaiet? parodique que le titre anglais (Bride and Prejudice, ?fianc?e et pr?jug??) r?sume d’une cabriole. Voil? qui est ? la litt?rature romantique ce que la com?die musicale est ? l’op?ra. Et ? la com?die musicale, un avatar d?jant? n? d’une orgie endiabl?e entre Busby Berkeley, les d?lires bollywoodiens et la musique disco.
Aucun ingr?dient ne s’y donne authentiquement pour lui-m?me et tous en prennent un relief d?multipli?. ?a chante, ?a danse, dans une explosion de couleurs et de sons attach?s aux saris virevoltants d’un essaim de beaut?s papillonnantes conduites par la belle Aishwarya Rai. Elle joue une jeune Indienne ?mancip?e qui se trompe d’amoureux mais se rattrape et r?ussit un mariage d’amour dor? sur tranches. Toutes les conventions y sont, dans le pur respect de la morale conventionnelle. Assorties d’une pinc?e d’esprit f?ministe et agr?ment?es d’un clin d’oeil ironique sur la ?libert?? des mariages ? l’occidentale.
Gurinder Chadha, la r?alisatrice, d’origine indienne, n?e au Kenya et ?lev?e dans la banlieue de Londres, revendique un film con?u ?ni pour les puritains de Jane Austen ni pour les fans de Satyajit Ray : un film populaire qui illustre le dialogue des races et des cultures, comme le paradigme de l’int?gration de la diaspora?. Apr?s le lourdingue Joue-la comme Beckham, elle franchit un seuil logistique impressionnant : centaines de figurants, tournage sur trois continents (Inde, Grande-Bretagne, Etats-Unis) et ?tal? sur deux ans pour mieux m?ler les comp?tences bollywoodiennes et occidentales. Une entreprise boucl?e pour seulement 16 millions d’euros, mais qui s’offre tous les airs d’une surperproduction d’un luxe inou?, illico class?e au premier rang des box-offices indien et britannique.