Depuis l’ ?clatement de la bulle financi ?re en 92, le Japon conna ?t une p ?riode de r ?cession que les diff ?rentes vagues de r ?formes des gouvernements successifs n’ont pu enrayer. La crise asiatique de 97-98, l’ ?tranglement du secteur bancaire, le poids de la dette, la grave crise de confiance et la baisse de consommation qui en r ?sulte contribue ? mettre ? mal la l ?gitimit ? des autorit ?s politiques.
Si le Japon reste pr ?sent sur les march ?s internationaux dans certains secteurs de pointe, c’est l’ensemble de l ’ ?conomie qui ralentit et c’est vers la politique que se concentrent les ressentiments des citoyens.
Dans ce contexte de morosit ?, le Japon entend jouer la carte de l’ext ?rieur et cherche ? s’affirmer sur la sc ?ne internationale, changeant ainsi la politique qu’elle avait men ?e jusque l ?. On assiste ? un double mouvement :
? Participation, parfois symbolique, ? la vie internationale (jeux d’hiver de Nagano, tenue de la conf ?rence ONU sur le r ?chauffement climatique de Kyoto, le pr ?sidence du G7 2000, etc.)
? Pr ?paration de l’autonomie du Japon avec une nouvelle politique de d ?fense
3 volets sont ? prendre en compte : la situation ?conomique int ?rieure du Japon, l’ ?volution strat ?gique de la r ?gion et l’ ?volution des rapports avec les ?tats-Unis. La situation ?conomique contribue ? expliquer l’actuel ?lan internationaliste du Japon, ?lan rendu n ?cessaire par l’ ?volution du paysage asiatique (mont ?e de la Chine et prise de distance avec les ?tats-Unis).
Nous verrons ensuite que cet internationalisme s’ ?choue sur une s ?rie d’ ?cueils, pos ?s par la ?tats-Unis et par la Chine, qui ne sont pas pr ?t d’accepter de voir ?merger une nouvelle puissance militaire dans la r ?gion pour des raisons ? la fois historiques et relavant de la g ?ostrat ?gie.
I) les raisons de l’internationalisme
I.1) La situation ?conomique interne
? Situation du secteur bancaire et des finances publiques aggrav ?es. A l’heure actuelle, la dette publique s’ ?l ?ve ? 130% du PNB ;
? ?checs des plans de relance Obuchi (injection de fonds massifs) et Mori (aust ?rit ? mon ?taire) ;
? Malchance conjoncturelle : baisse du ? .com ? aux ?tats-Unis et baisses des exportations ?lectroniques japonaises (? elles seules 3% du PIB nippon) ;
? Baisse g ?n ?rale des exportations ;
? Accroissement du d ?ficit public (injection de capitaux pour soutenir le secteur bancaire, mesures d’accompagnements du ch ?mage en augmentation, capacit ? de cr ?dit des banques r ?duite avec un impact sur les investissements des entreprises) ;
? Baisse de consommation des m ?nages ;
? Crise de l ?gitimit ? politique et crise sociale
I.2) L’ ?volution du paysage asiatique
L’ ?volution des rapports de force entre les diff ?rents acteurs pousse le japon ? vouloir accro ?tre son autonomie en mati ?re de d ?fense, par la formulation d’une politique de pr ?vention et une volont ? de contribuer de mani ?re plus active ? la s ?curit ? r ?gionale. En t ?moigne le trait ? bilat ?ral de libre- ?change et de coop ?ration militaire avec Singapour, dans le cadre de la lutte contre la piraterie et la protection des voies maritimes (enjeu strat ?gique vital pour le Japon).
On assiste au Japon ? une relance du d ?bat sur la menace chinoise, face ? la mont ?e en puissance de cette derni ?re, qui profite, au niveau commercial, de l’instabilit ? des d ?mocraties d’Asie du Sud-Est :
? Modernisation de son arm ?e ;
? Explosion de son budget d ?fense ;
? Avanc ?e d la marine chinoise dans la ZES (zone ?conomique sp ?ciale) du Japon ;
? Multiplication des actes de pirateries
Les relations sino-japonaises n’ont jamais ?t ? simple, et les r ?cent d ?veloppements de celles-ci n’ont en rien arrang ? les choses : ?chec de la visite de Jiang Zemin en 98 , visite controvers ?e de Junichiro Koizumi au temple Yazukuni, l’affaire des manuels scolaires ou encore les mauvais traitements persistant des hommes d’affaire japonais en Chine.
Le rapprochement des 2 Cor ?e pourrait signifier un retrait am ?ricain de la zone, ce qui conf ?rerait plus de responsabilit ?s au Japon. De plus, le partenariat global conclut avec L’Inde confirme cette volont ? de contrecarrer la Chine.
I.3) L’ ?volution des rapports avec les ?tats-Unis
Le Japon est conscient de la prise de distance des ?tats-Unis ? son ?gard, ?tats-Unis qui entendent devenir un arbitre partial en Asie plut ?t qu’un alli ? inconditionnel de certains pays comme le Japon ou la Cor ?e du sud. Le flirt entre l’administration Clinton et la Chine a ?t ? ?galement une source d’inqui ?tude pour les Japonais (?tats-Unis qui ne s’ ?taient m ?me pas prononc ? sur l’affaire du missile nord-cor ?en qui avait survol ? le territoire japonais avant de s’ab ?mer dans la mer).
La pr ?sence militaire am ?ricaine au Japon est elle-m ?me contest ?e (suite, entre autres, aux affaires de viols de jeunes filles d’Okinawa), ce qui n’a pas emp ?ch ? un renforcement des liens de s ?curit ? entre les deux pays, notamment au cours du conflit afghan (r ?vision de la disposition n ?7 de la Constitution japonaise, disposition limitant les capacit ?s militaires du Japon ? la pr ?vention et l’autod ?fense).
Toutefois, il ne faut pas oublier que le Japon reste le premier partenaire strat ?gique des USA (accord sur la coop ?ration technologique en vue du projet TMD) et que ceux-ci entendent garder un pied ferme dans la r ?gion.
II) ?cueils de cet internationalisme
Les autres acteurs de la sc ?ne internationale asiatique ne sont pas pr ?t ? accepter une remilitarisation du Japon (Japon de fait d ?j ? remilitariser mais ne sachant que faire de ses armes).
Les ?tats-Unis ne veulent pas d’un concurrent politique de plus dans la r ?gion et entendent garder le Japon dans son giron s ?curitaire via le projet TMD (remis ? l’agenda apr ?s le 11 septembre).
Il en va de m ?me pour la Cor ?e, o ? les Am ?ricains freinent le processus de rapprochement des deux fr ?res. De plus, les relations sino-am ?ricaines n’ ?tant plus au beau fixe (affaire de l’EP3, augmentation de la r ?pression politique, position anti-NMD de la Chine qui se rapproche de la Russie, accroissement du d ?ficit commercial dans leurs ?changes bilat ?raux en d ?faveurs des am ?ricains, etc.), l’administration Bush renoue les contacts avec le japon.
La Chine, qui nourrit des relations conflictuelles ataviques avec son voisin, brandit le drapeau de la menace du militarisme japonais (avec qui elle a ?t ? en guerre pendant 14 ans).
A cette attitude chinoise, deux interpr ?tations possibles :
? Difficult ?s relationnelles traditionnelles (poids de l’histoire) ;
? moyen pour la Chine d’occulter sa propre mont ?e en puissance jeu de dupe)
En d ?finitive, l’action internationale du Japon semble devoir, pour les raisons cit ?es ci-dessus, rester cantonn ?e ? des expressions plus symboliques qu’affirmatives de sa puissance.
Le Japon verra sans doute sa responsabilit ? et sa part d’action accrue pour le maintien de l’ ?quilibre des forces de la r ?gion (en mati ?re de lutte contre la piraterie par exemple) mais sera sans doute ?cart ?e par les grandes puissances politiques de la r ?gion des grandes questions de s ?curit ? g ?n ?rale et devra se contenter de son r ?le d’ ?quilibreur ?conomique.
De plus, il n’est pas certain que le Japon veuille r ?ellement s’attribuer ce r ?le de puissance politique. Un regain de la croissance et un redressement de l’ ?conomie japonaise permettrait de v ?rifier si cet internationalisme n’aura ?t ? qu’un faux-semblant des politiques en difficult ?s sur e plan interne.
On ne peut n ?anmoins pr ?juger de l’avenir, la vie asiatique ?tant sensible aux variations de temp ?rature des relations entre les diff ?rents acteurs et en particulier aux attitudes de la premi ?re puissance de la r ?gion, les ?tats-Unis.
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