LES ?LECTIONS L?GISLATIVES DU 14 AVRIL 2004
Ife : L’?crasante victoire de l’ANC est-elle de bon augure pour la jeune d?mocratie sud-africaine ?
Philippe Gervais-Lambony : L’ANC (Congr?s national africain) vient de remporter les derni?res ?lections avec pratiquement 70 % des suffrages exprim?s ? l’?chelle nationale, ce qui va d’abord avoir quelques cons?quences ? l’Assembl?e : l’ANC va y avoir une majorit? des deux tiers, et sera donc en mesure ?ventuellement de modifier la Constitution et ensuite, ? l’?chelle des provinces : l’ANC va gouverner les neuf provinces du pays. C’est-?-dire qu’il n’y aura plus de bastion pour l’opposition. Certains commentateurs se posent donc des questions sur la possibilit? de gouverner sans opposition. Cela dit, l’ANC est un parti ancien qui a une vieille tradition d?mocratique, qui est divis? en courants internes qui sont constamment en d?bat et gouverne en alliance avec d’une part le Parti communiste sud-africain, d’autre part la Conf?d?ration des syndicats sud-africains. Je pense donc que cette diversit? du pouvoir sud-africain est une bonne garantie pour le bon fonctionnement de la d?mocratie.
Maud : Peut-on vraiment changer la Constitution et quels en sont les risques ?
Philippe Gervais-Lambony : D’apr?s la Constitution sud-africaine, avec l’accord des deux tiers du Parlement, la Constitution peut ?tre modifi?e. Cela ?tant, on ne voit pas tr?s bien quel serait l’int?r?t de l’ANC ? proc?der ? une modification, puisque de toute fa?on, par la voie ?lectorale, le parti ne rencontre pas d’opposition importante.
LES ?VOLUTIONS DE LA SOCI?T? SUD-AFRICAINE
Tobal : La r?cente ?lection l?gislative remport? par l’ANC va-t-elle changer les choses dans la soci?t? sud-africaine ? Dans quelle mesure ?
Philippe Gervais-Lambony : La soci?t? sud-africaine est en cours de transformation profonde depuis 1994, date de la fin de l’apartheid. Les derni?res ?lections n’ajoutent pas de facteur nouveau de transformation. Le principal changement, si on essaie de faire une r?ponse br?ve, au fond, est qu’on est pass? du syst?me de s?gr?gation raciste qu’?tait l’apartheid, qui traitait in?galement les individus en fonction de la couleur de leur peau, qui imposait une organisation territoriale in?galitaire selon qu’on ?tait Blanc ou Noir (c’?tait le syst?me des anciens bantoustans) ? un syst?me aujourd’hui qui pose plut?t un probl?me d’in?galit?s sociales et qui tend ? exclure une large partie de la population sud-africaine : 48 % des Sud-Africains vivent en dessous du seuil de pauvret?.
Aline : Ce sont principalement des Noirs qui sont exclus, n’est-ce pas ?
Philippe Gervais-Lambony : Oui, bien s?r. Cela dit, on a vu appara?tre une frange tr?s d?favoris?e de la population blanche qui ?tait prot?g?e par l’apartheid et qui se retrouve aujourd’hui du c?t? des plus pauvres. Cela dit, la question sociale continue de recouvrir la "diff?rence" raciale mais le point important est le d?veloppement d’une classe moyenne noire qui tire b?n?fice des changements et dont le d?veloppement est une raison d’?tre optimiste pour l’int?gration raciale.
Maud : Que pensez-vous de la "Black Empowerment Economy", qui impose des quotas de population noire dans chaque entreprise, et qui donne la priorit? aux travailleurs noirs parfois aux d?pens des travailleurs blancs ?
Philippe Gervais-Lambony : Ce n’est pas la Black Empowerment que vous ?voquez, mais en fait l’Affirmative Action. La Black Empowerment consiste ? d?velopper un capitalisme noir. L’Affirmative Action consiste effectivement ? recruter pr?f?rentiellement des personnes non blanches dans les entreprises. Elle a ?t? con?ue par l’ANC comme une politique temporaire, sur le mod?le nord-am?ricain, pour r??quilibrer la soci?t? sud-africaine. Les entreprises priv?es se sont pour la plupart volontiers soumises ? cette nouvelle r?gle. Je pense que l’Affirmative Action est une r?ussite mais qu’elle pose des questions d’ordre moral, puisqu’il s’agit de maintenir une diff?renciation en fonction de la couleur de la peau.
Pat : Comment vivent les diff?rentes communaut?s sud-africaines ? Ensemble, ou les unes ? c?t? des autres ? Y a-t-il un r?el m?lange ? Par exemple, parmi les plus jeunes, qui n’ont pas connu l’apartheid ?
Philippe Gervais-Lambony : Au total, la soci?t? sud-africaine reste tr?s communautaire et on vit plut?t les uns ? c?t? des autres avec des relations sociales ? l’int?rieur de sa propre communaut?. Les choses ont chang? d’?chelle et aujourd’hui, dans un m?me quartier, les voisins appartiennent ? des communaut?s diff?rentes ; dans un m?me centre commercial, les clients sont de couleurs diff?rentes. Ce qui ne veut pas dire que quand on entrera dans un restaurant, on ne constatera pas que les tables sont communautaires. Il est effectivement important de se poser la question des plus jeunes. S’il existe des lieux o? il y a de vraies interactions, ce sont sans doute les ?coles de certains quartiers o? se c?toient les enfants blancs et les enfants de la classe moyenne noire.
Laurent : L’Affirmative Action est donc destin?e ? ?tre supprim?e ? Le gouvernement a-t-il donn? une ?ch?ance ?
Philippe Gervais-Lambony : Non, le gouvernement a indiqu? des quotas, par secteur. Et quand ces quotas seront atteints, th?oriquement, il ne sera plus n?cessaire de pratiquer l’Affirmative Action.
Pat : Malgr? des r?ussites impressionnantes, la nouvelle Afrique du Sud reste menac?e de risques importants (sida, ch?mage, ins?curit?). On se demande aussi comment le gouvernement ANC peut r?soudre le casse-t?te entre les urgents besoins sociaux et une croissance ?conomique tr?s d?pendante des investissements ?trangers. Votre impression g?n?rale est-elle plut?t positive ou n?gative ? Quelle sera l’?volution du pays d’ici 5 ? 10 ans ? Un nouveau Zimbabwe, ou un premier miracle africain ?
Philippe Gervais-Lambony : Je crois qu’il est impossible d’?tre optimiste ou pessimiste. Cela d?pend du point de vue qu’on adopte. Si l’on confronte les promesses et les espoirs du d?but des ann?es 1990 avec la situation actuelle, on constate que beaucoup des promesses n’ont pas ?t? tenues et on est amen? ? s’inqui?ter du renforcement des in?galit?s sociales. Si on confronte l’Afrique du Sud au reste du continent, on conclut, au contraire, tr?s positivement, puisque le gouvernement de l’ANC a incontestablement r?ussi sur le plan ?conomique. Une partie de la question portait sur le sida : impossible d’?tre optimiste quand on estime qu’un Sud-Africain sur neuf est s?ropositif.
Sur cette question du sida, le gouvernement a pris un retard consid?rable et difficilement explicable, on commence seulement ? distribuer des anti-r?troviraux dans certaines r?gions du pays. Deuxi?me risque ?voqu?, le ch?mage, qui touche aujourd’hui environ 40 % de la population active et qui, effectivement, cr?e des risques sociaux importants. Etant donn? ces deux probl?mes consid?rables, on peut d’ailleurs ?tre surpris du r?sultat des ?lections. On s’attendait ? ce que l’opposition arrive ? mieux mobiliser sur ces deux th?mes. Cela dit, il y a des risques comme dans toute soci?t? aujourd’hui. Peut-?tre que l’Afrique du Sud, mieux que d’autres pays, a r?ussi ? tenir les deux bouts : l’int?gration dans l’?conomie mondiale, le rattrapage des in?galit?s.
LE PR?SIDENT THABO MBEKI
Tara : Peut-on consid?rer Thabo Mbeki comme l’un des hommes providentiels de la nouvelle Afrique du Sud ?
Philippe Gervais-Lambony : Thabo Mbeki est le successeur de Nelson Mandela, qui ?tait l’homme providentiel de la nouvelle Afrique du Sud. C’est un h?ritage tr?s lourd ? porter. Thabo Mbeki n’a pas la m?me aura que Nelson Mandela, lequel est d’ailleurs toujours pr?sent et n’h?site pas ? donner son avis. Il l’a fait r?guli?rement et fermement sur la question du sida, pour pousser le gouvernement ? avoir une politique plus efficace.
Yvan : Quel est le r?le de Nelson Mandela ou son influence aujourd’hui ? A-t-il influenc? le vote ?
Philippe Gervais-Lambony : Mandela s’est peu manifest? juste avant les ?lections. Il est all? voter et le jour des ?lections, il a souhait? que le maximum d’?lecteurs s’expriment. C’est un homme de 85 ans, donc n?cessairement de moins en moins actif, mais il est ?vident qu’il reste un symbole national et mondial extr?mement important. Mais l’Afrique du Sud a d’autres personnages de ce type, par exemple l’archev?que Desmond Tutu qui, lui aussi, prend des positions politiques. Ces diff?rents h?ros nationaux ont certainement un r?le de garants et il est extr?mement important qu’ils continuent d’appeler ? voter pour l’ANC.
Ife : Thabo Mbeki n’a certainement pas le m?me v?cu que Nelson Mandela dans la lutte de lib?ration, mais ne trouvez-vous pas qu’il a une politique beaucoup plus volontariste ?
Philippe Gervais-Lambony : Thabo Mbeki a une politique moins centr?e sur la r?conciliation nationale comme l’?tait celle de Mandela et qui est aussi beaucoup plus lib?ral ?conomiquement, et moins ax? sur le rattrapage social, m?me s’il a accentu? cet aspect dans la perspective des derni?res ?lections. Son discours est fond? sur une r?f?rence tr?s fr?quente ? l’id?e de "renaissance africaine", ce qui ?tait absent de la p?riode pr?c?dente. A la limite, sur le plan de la r?paration des injustices de l’apartheid, Thabo Mbeki est peut-?tre moins volontariste que Mandela. Sur le plan ?conomique, par contre, il l’est plus.
Laurent : Que pensez-vous des relations de Thabo Mbeki avec Robert Mugabe, le pr?sident du Zimbabwe ?
Yana : Le rapport avec les ex-colons peut-il d?g?n?rer en Afrique du Sud comme au Zimbabwe ?
Philippe Gervais-Lambony : Cette question est extr?mement importante. D’ailleurs tout ? l’heure quelqu’un a ?voqu? le Zimbabwe comme ?tant une image future de l’Afrique du Sud. Comparer le Zimbabwe et l’Afrique du Sud pose toute une s?rie de probl?mes. D?s la fin des ann?es 1980, on savait que le r?gime de Robert Mugabe n’?tait pas un r?gime d?mocratique. On en est convaincu aujourd’hui. La r?forme fonci?re, si on peut l’appeler ainsi, au Zimbabwe a ?t? manipul?e par le gouvernement ? son profit pour d?signer un adversaire, les anciens colons blancs. Ces mouvements d’invasion de terres ont provoqu? de grandes inqui?tudes en Afrique du Sud, o? la r?forme agraire annonc?e ne se fait pas ou tr?s lentement (3 % seulement des terres ont ?t? redistribu?es ? des agriculteurs noirs). D’o? des craintes d’invasions violentes.
Cela explique une attitude extr?mement prudente de l’ANC sur la question zimbabw?enne et, en v?rit?, son refus de prendre position. Thabo Mbeki ne peut pas se permettre de condamner un r?gime qui s’affiche comme anti-colonialiste et qui affirme redistribuer les terres aux agriculteurs noirs. Mais je ne vois pas pourquoi, dans un contexte tr?s diff?rent, l’Afrique du Sud irait vers une situation de conflit ? la zimbabw?enne. Les revendications de la population noire des zones rurales ne portent pas tant, sans doute, sur les terres que sur l’acc?s ? l’emploi et ? un niveau de vie d?cent, m?me si les conflits locaux sont nombreux entre fermiers blancs et communaut? noire.
LA REDISTRIBUTION DES TERRES
Orlien : Le rapport avec les ex-colons passe par la redistribution de la terre, comme au Zimbabwe. Alors comment expliquer que seulement 3 % ait chang? de mains ?
Christine : Comment expliquez-vous la lenteur du processus de redistribution des terres, pourtant inscrit dans la nouvelle Constitution sud-africaine ?
Philippe Gervais-Lambony : Le terme "ex-colons" est probl?matique : les Blancs sud-africains ne sont-ils pas des Sud-Africains ? part enti?re ? Et cette id?e a ?t? constamment affirm?e par l’ANC : l’Afrique du Sud appartient ? tous ceux qui y vivent. Cela mis de c?t?, je crois que le gouvernement sud-africain a fait un choix politique qui a consist? ? ne pas se lancer dans une r?forme agraire importante. Dans un premier temps, si l’on souhaitait la r?conciliation, il ?tait logique de reporter cette politique fonci?re.
Aujourd’hui, je pense que ce sont plut?t des consid?rations d’ordre ?conomique qui rendent le gouvernement tr?s prudent. Le succ?s ?lectoral du 14 avril ne donne pas tort au gouvernement. Deux politiques concernant la terre ont ?t? lanc?es d?s 1994. L’une est la restitution des terres spoli?es apr?s 1913. L’autre est ? proprement parler la redistribution. C’est sur le premier volet qu’on a le plus avanc?, mais dans les deux cas, tr?s peu de moyens ont ?t? accord?s ? ces politiques. D’o? l’extr?me lenteur.
LE POIDS DE L’ANC
Orlien : Est-ce que les tensions au sein m?me de la communaut? noire (je pense ? la lutte tr?s violente qui a oppos? les Zoulous ? l’ANC...) sont enfin apais?es ? Que fait l’Inkhata aujourd’hui ? Qui repr?sente-t-il ?
Philippe Gervais-Lambony : La majorit? des Zoulous soutient l’ANC. L’Inkhata est un parti politique qui revendique la d?fense des int?r?ts de la communaut? zouloue. Jusqu’aux derni?res ?lections, l’Inkhata ?tait au pouvoir dans la province du Kwazulu-Natal et participait au gouvernement d’union nationale. Le 14 avril, l’Inkhata a perdu la province du Kwazulu-Natal, o? l’ANC a obtenu environ 46 % des voix. La question se pose aujourd’hui de savoir si l’ANC va proposer ? l’Inkhata de rester associ? au gouvernement de la province pour ?viter des troubles et lui proposer aussi de rester dans le gouvernement national. Il est certain que, dans les zones rurales du Kwazulu-Natal, l’Inkhata b?n?ficie d’un soutien populaire important, ne serait-ce que parce que les chefs traditionnels l’appuient. A l’?chelle nationale, l’Inkhata n’est plus une force politique importante.
Yvan : L’ANC ?tait un mouvement clandestin et de lutte, comment expliquez vous la transformation r?ussie de ce mouvement en parti de gouvernement (par opposition ? l’?chec dans sa transformation d’un mouvement comme l’OLP, par exemple) ?
Philippe Gervais-Lambony : L’ANC n’a ?t? un parti clandestin qu’entre les ann?es 1960 et 1994. L’ANC a ?t? cr?? en 1912, a toujours fonctionn? en alliance avec le parti communiste, avec le mouvement syndical, avec des courants de la soci?t? civile, bref l’ANC est depuis longtemps un espace de d?bat ? lui tout seul. La p?riode de l’exil pendant l’apartheid a ?t? une occasion importante de formation pour les cadres du parti, qui l’ont mise ? profit apr?s 1994.
Reste qu’en 1994 on ne s’attendait pas ? ce que l’ANC r?ussisse aussi vite ? se mettre en position de gouverner. Mais il ne faut pas oublier que l’administration blanche du r?gime de l’apartheid a ?t? maintenue et utilis?e par l’ANC, ce qui ne peut s’expliquer que par la n?gociation r?ussie du d?but des ann?es 1990. En d’autres termes, l’ANC ne s’est pas retrouv? seul au pouvoir en 1994 et cela, c’est la grande r?ussite de Nelson Mandela et du pr?sident De Klerk. Pr?cision : l’ANC a ?t? l?galis? en 1990 puis a ?t? au pouvoir ? partir des ?lections de 1994.
Bea : J’habite a Jo’burg et beaucoup de mes coll?gues blancs de bureau ?taient totalement d?sint?ress?s par ces ?lections, disant que "de toute fa?on, ?a ne changera rien". Quelle est votre opinion ? ce sujet ?
Philippe Gervais-Lambony : Si l’opposition politique, c’est-?-dire aujourd’hui essentiellement l’Alliance d?mocratique, avait remport? plus de si?ges au Parlement, ou si des partis d’opposition avaient conquis certaines provinces, cela aurait pu changer la politique ? l’?chelle nationale. Mais effectivement, tout le monde savait que l’ANC allait sortir victorieux des ?lections et donc on pouvait se d?sint?resser du scrutin. C’?tait pr?cis?ment le risque, et on aurait pu craindre un faible taux de participation. Il a ?t? de plus de 70 % des inscrits, ce qui est certes moins qu’en 1999, mais reste plus qu’honorable.
Orlien : Justement, est-ce que l’Alliance d?mocratique ne cherche pas ? se d?douaner un peu trop vite de sa responsabilit? pendant l’apartheid, en agitant le chiffon rouge du manque de d?mocratie du ? l’h?g?monie de l’ANC ?
Philippe Gervais-Lambony : Oui et non. Non parce que pendant l’apartheid, ce n’?tait pas l’Alliance d?mocratique qui ?tait au pouvoir mais le Parti national qui, aux derni?res ?lections, s’est totalement effondr?, ce qui est un ?v?nement historique. Oui parce qu’il ne semble pas y avoir de signes d?montrant un r?el risque pour la d?mocratie alors que jusqu’en 1994 il est clair que l’Afrique du Sud n’?tait pas une d?mocratie.
L’AFRIQUE DU SUD AU PLAN INTERNATIONAL
Pat : Pourquoi l’Afrique du Sud, "g?ant ?conomique" ? l’?chelle africaine, n’a-t-elle pas un plus grand r?le politique et une influence plus positive sur ses voisins ?
Milo : La qualit? de d?mocratie sud-Africaine peut-elle faire ?cole en Afrique ?
Philippe Gervais-Lambony : L’Afrique du Sud, en 1994, a suscit? beaucoup d’espoirs sur le continent africain. On avait peut-?tre sous-estim? les difficult?s sociales et ?conomiques internes ? l’Afrique du Sud. Cela dit, l’Afrique du Sud n’est pas absente du continent, surtout depuis l’?lection de Thabo Mbeki, qui a ?t? un des promoteurs de l’UA (Union africaine) puis du Nepad, c’est-?-dire de ce vaste plan de d?veloppement du continent. Le secteur priv? sud-africain est de plus en plus implant? non seulement en Afrique australe, mais sur l’ensemble du continent. Ce que l’on peut regretter, par contre, c’est peut-?tre effectivement que le mod?le d?mocratique sud-africain ne soit pas plus export?.
Yal13 : L’Afrique du Sud peut-elle jouer avec d’autres pays comme le Br?sil ou l’Inde un r?le important au niveau diplomatique et ?conomique ?
Philippe Gervais-Lambony : Oui, l’Afrique du Sud esp?re jouer un r?le diplomatique important. Elle milite pour l’obtention d’un si?ge pour l’Afrique au Conseil de s?curit? des Nations unies. Elle milite pour une ?coute plus attentive aux demandes des pays du Sud en g?n?ral. Cela pour le plan diplomatique. Sur le plan ?conomique, ce sont surtout les grands conglom?rats financiers sud-africains qui d?veloppent aujourd’hui une strat?gie internationale et qui sont des groupes mondialis?s. Ces deux plans sont tout ? fait diff?rents.