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Urbanisme : Vivre ? Kibera, bas-fonds de Nairobi

R?habilitation de l’un des plus grands bidonvilles d’Afrique

Alexis MASCIARELLI

Saturday 18 October 2003, by MASCIARELLI*Alexis

Article paru dans Lib?ration, ?dition du samedi 18 octobre 2003.

Le sentier devient une patinoire d?s que la saison des pluies reprend. On marche sur un m?lange de boue, d’excr?ments et d’ordures.

Nairobi (Kenya) de notre correspondant

?C’est le parcours que j’emprunte tous les jours pour aller travailler qu’il pleuve ou non?, raconte Tom Oteko, un veilleur de nuit. En route vers son domicile, ? Kibera, l’un des plus grands bidonvilles d’Afrique en plein coeur de Nairobi, il pointe du doigt la salet? du quartier. ?On tombe souvent, ?a fait partie de la routine. Quand il pleut, on n’y ?chappe pas.? Il ne faut pas se contenter de regarder o? l’on pose ses pieds. Kibera est connu pour ses ?toilettes volantes?, des sacs en plastique pleins de d?jections humaines, balanc?s des fen?tres par des habitants qui s’adaptent comme ils peuvent ? l’absence de canalisation. Au passant d’ouvrir l’oeil pour ?viter une collision puante.

Hygi?ne. Plus de la moiti? des 3 millions d’habitants de la capitale kenyane vivent dans des bidonvilles. Ils sont quelque 500 000 ? s’?tre install?s ? Kibera. Le gouvernement et l’organisation onusienne Habitat, dont le si?ge se trouve ? Nairobi, ont annonc? cette ann?e leur intention d’y am?liorer les conditions de vie, en s’attaquant en particulier aux probl?mes d’hygi?ne et d’acc?s ? l’eau courante. Un projet ? l’?chelle nationale.

D’apr?s le dernier recensement (1999), pr?s d’un quart des citadins kenyans n’avaient pas l’eau courante. ?Nous allons commencer ? Kibera, en installant des canalisations d’arriv?e et d’?vacuation des eaux, explique Anna Tibaijuka, la directrice g?n?rale d’Habitat. La rivi?re qui passe ? c?t? est totalement pollu?e. Elle devrait retrouver une couleur bleue au lieu du vert actuel. Nous allons aussi construire des routes, une ?cole et un centre de soins. C’est un projet global de gestion de l’environnement.? Reste ? convaincre les r?sidents de Kibera qui ont r?cemment manifest? leur m?contentement. Selon eux, les responsables du projet ne sont pas venus les consulter. Il ?tait notamment pr?vu de d?truire des habitations pour permettre le passage des engins de travaux et la pose des canalisations. L’id?e d’?tre relog? ? une soixantaine de kilom?tres de Nairobi pendant la r?habilitation n’a pas plu. Jeudi, Raila Odinga, ministre des Travaux publics et du Logement et d?put? du quartier, a tent? de ramener le calme en affirmant que des maisons seront construites sur un terrain libre ? Kibera.

T?les. ?Notre principal probl?me, ici, c’est l’hygi?ne?, poursuit Tom Oteko, une fois chez lui. Il pousse la porte des latrines. Odeur pestilentielle. ?Ici, c’est la salle de bains. Nous sommes sept familles ? la partager.? Un petit trou a ?t? am?nag? dans le b?ton. L’eau qui s’en ?chappe coule le long du chemin en descente o? jouent les enfants, puis passe sous une baraque de planches et de t?les. ?Cela peut d?border la nuit quand il pleut. Quand vous dormez, avec vos enfants, ?a peut devenir tr?s chaotique.?

Au cours des deux derni?res ann?es, des affrontements parfois mortels ont oppos? des habitants de Kibera ? leurs propri?taires et aux forces de l’ordre. Un ras-le-bol provoqu? par le niveau jug? exorbitant des loyers. Peter Anditi, un voisin de Tom Oteko, affirme d?bourser ?1 000 shillings par mois (environ 11 euros, ndlr), soit l’?quivalent d’un quart de [son] salaire, pour loger les dix membres de [sa] famille dans une pi?ce de dix m?tres carr?s, sans plancher et aux murs de terre s?ch?e et de branches?.

Propri?taires. ?C’est inhumain et criminel de construire des logements sans toilettes et de s’attendre ? recevoir des loyers?, a d?clar? le ministre Raila Odinga, visiblement sans crainte de ranimer les diff?rends financiers ? et parfois ethniques ? entre locataires et propri?taires. Certains habitants de Kibera craignent que la r?habilitation provoque une hausse des loyers. ?Nous r?sisterons si les propri?taires continuent ? ne pas payer d’imp?ts au gouvernement et ne participent pas au financement des travaux, d?clare Peter Anditi. Nous ne nous laisserons pas faire.?

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