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Emmen? par Sonia Gandhi, le parti du Congr?s effectue un retour surprise au pouvoir ? New Delhi

Agn?s Gorissen

Friday 14 May 2004, by GORISSEN*Agn?s

INDE. Vainqueur des l?gislatives, l’opposition regroup?e derri?re la veuve de Rajiv Gandhi a annonc? son intention de former un gouvernement de coalition. La d?faite des nationalistes hindous du BJP et du premier ministre ouvre la voie ? l’accession au pouvoir de l’h?riti?re de la dynastie des Gandhi.

Les ultranationalistes hindous doivent s’en ?trangler. Eux qui portent haut la d?fense de l’identit? indienne, parfois m?me jusqu’? l’exc?s, vont devoir remettre le pouvoir ? une femme d’origine italienne. C’est en effet Sonia Gandhi, n?e Sonia Maino, la veuve de Rajiv Gandhi, la belle-fille d’Indira Gandhi, qui va selon toute vraisemblance devenir premier ministre de l’Inde puisque sa formation, le parti du Congr?s, vient de remporter les ?lections l?gislatives.

Au terme des cinq phases de vote qui se sont ?tal?es sur plusieurs semaines, et gr?ce ? l’achat de plus d’un million de machines ?lectroniques, le d?pouillement, jeudi, a tr?s vite laiss? deviner la tendance. Et en soir?e, selon des chiffres encore provisoires, le Congr?s et ses alli?s ?taient cr?dit?s de 198 si?ges, contre 147 pour les ultranationalistes du Bharatiya Janata Party (BJP) et leurs partenaires. Le Parti communiste et d’autres formations de gauche, qui ont promis de soutenir le Congr?s, engrangeaient, eux, 48 si?ges.

Erreur chiraquienne

La surprise est de taille: jusqu’? mercredi encore, les sondages post-?lectoraux donnaient le BJP en t?te, ?ventuellement priv?, dans la configuration la plus d?favorable pour lui, de sa majorit? absolue. Or le voil? dans l’opposition. S’il en est un qui se mord les doigts, c’est le premier ministre sortant, Atal Behari Vajpayee, 79 ans. Pas seulement parce qu’il perd son poste - il a pr?sent? sa d?mission d?s hier et g?rera les affaires courantes jusqu’? la formation d’un nouveau gouvernement. Mais parce que, dans un ?lan ressemblant fort ? la catastrophique dissolution de l’Assembl?e nationale par le pr?sident fran?ais Jacques Chirac en 1997, qui avait ramen? la gauche au pouvoir, c’est lui-m?me qui a d?cid? d’?courter le mandat du parlement.

En principe, le scrutin aurait en effet d? avoir lieu cinq mois plus tard. Mais les sondages ?taient euphoriques. Le BJP ne venait-il pas de remporter des ?lections r?gionales en d?cembre? Comme il pouvait par ailleurs se pr?valoir d’une croissance ?conomique importante (8% pr?vus en 2004, 10,4% au dernier trimestre 2003) et d’un climat de d?tente exceptionnel avec le Pakistan voisin, Vajpayee a fait le pari de dissoudre le parlement en f?vrier. Il a perdu.

Qu’est-ce qui a bien pu coincer dans le sc?nario du chef du gouvernement sortant? Ce que l’on pourrait appeler les ??ill?res ?conomiques? du BJP, g?n?ralement consid?r? comme une ?manation des hautes castes brahmaniques. Si la croissance ?conomique est ind?niable, ses effets se sont surtout fait sentir parmi les classes moyennes et essentiellement celles des villes. Or l’Inde, ce sont plus d’un milliard de femmes et d’hommes vivant ? 60% dans les campagnes, o? des r?gions enti?res ne b?n?ficient toujours pas de l’?lectricit? ni de l’eau potable.

Alors, quand le BJP a lanc?, en d?but d’ann?e, une grande campagne m?diatique sur le th?me de ?L’Inde rutilante? ? grand renfort d’images de cit?s pleines de t?l?phones portables et de supermarch?s, les 250 millions d’Indiens vivant sous le seuil de pauvret? et pour qui manger est un d?fi quotidien ont eu du mal ? avaler la couleuvre. La campagne de d?nigrement contre Sonia Gandhi, concentr?e sur ses seules origines italiennes, a achev? de miner l’image du BJP. Car ? 57 ans, la candidate du Congr?s, elle, a pris la peine de sillonner le pays dans tous les sens, battant la campagne, s’arr?tant notamment aupr?s des femmes et des pauvres, v?tue ? l’indienne, parlant un hindi correct ? peine m?tin? d’un l?ger accent ?tranger. Le ?facteur dynastique? a fait le reste.

Lign?e de premiers ministres

Car comme dans d’autres pays asiatiques - Sri Lanka, Pakistan, Bangladesh, Indon?sie -, les dynasties comptent, en Inde. Sonia est l’?pouse du d?funt Rajiv Gandhi (assassin? en 1991), lui-m?me fils d’Indira Gandhi (assassin?e en 1984), elle-m?me fille de Jawaharlal Nehru, un des p?res de l’ind?pendance. Une lign?e de premiers ministres dont Sonia, qui a la nationalit? indienne depuis 1984, est l’h?riti?re. Et que son fils Rahul, ?lu pour la premi?re fois au parlement, ou plus probablement sa fille Priyanka sont appel?s ? perp?tuer.

Pour le parti historique du Congr?s, rel?gu? dans l’opposition depuis 1996 apr?s avoir dirig? le pays presque sans interruption depuis l’ind?pendance en 1947, c’est donc le grand retour au pouvoir. Avec deux d?fis: former un gouvernement - il ne disposera pas des 272 d?put?s n?cessaires pour y parvenir seul; et r?pondre aux attentes des plus pauvres, ceux que le BJP avait n?glig?s et qui l’ont sanctionn?.

P.S.

Article paru dans Le Temps, ?dition en ligne du vendredi 14 mai 2004.

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